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Soutenance de thèse de Cécilia Bognon-Küss
Titre de la thèse: "Entre chimie et biologie: Nutrition, Organisation, Identité"
préparée à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, à l'Institut d'Histoire et de Philosophie des Sciences et des Techniques, sous les directions successives de Jean Gayon et de Denis Forest.
La soutenance aura lieu le vendredi 30 novembre 2018, à 14h à l'IHPST (13 rue du Four, au 2e étage).
Le jury est composé de:
- Delphine ANTOINE-MAHUT, Professeure, Ecole Normale Supérieure de Lyon (Rapporteur)
- François DUCHESNEAU, Professeur émérite, Université de Montréal
- Denis FOREST, Professeur, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (Directeur)
- Pierre-François MOREAU, Professeur émérite, Ecole Normale Supérieure de Lyon
- Stéphane SCHMITT, Directeur de recherches, CNRS (Rapporteur)
- Barbara STIEGLER, Professeure, Université Bordeaux-Montaigne
Résumé
Parmi les tentatives de définition du vivant, il est possible d’isoler deux traditions concurrentes : l’une a fait de la reproduction le propre du vivant, tandis que l’autre a vu dans la nutrition puis le métabolisme (le processus matériel par lequel un organisme se maintient en transformant une matière étrangère en substance vivante) une propriété essentielle et un critère d’unification de toutes les formes vivantes. Or, le second terme de cette polarité se déploie à son tour en un mouvement permanent d’oppositions qui semble caractériser la vie comme « tourbillon » incessant, circulation ininterrompue ou flux constant de matière entre l’intérieur et l’extérieur, les corps et leur environnement. C’est à explorer les mutations conceptuelles internes à cette seconde tradition, la nutrition et le métabolisme, que le présent travail est consacré. Comment le métabolisme s’est-il constitué en problème pour la biologie? Cette thèse propose une analyse généalogique du concept de métabolisme compris à la fois comme pont reliant la spécificité vitale des organismes à leurs conditions chimiques d’existence, et comme schème à travers lequel l’autoproduction et le maintien de l’identité biologique ont pu être appréhendés dans une perspective naturaliste. Cette thèse propose une histoire des développements d’une théorie matérielle chimique de la vie, et montre, dans le même mouvement, comment l’élaboration d’un « espace épistémique » autour du concept de métabolisme a progressivement permis de redéfinir les contours sous lesquels la question de l’identité biologique a depuis lors été saisie.
Mots-clés : Nutrition ; Métabolisme ; Identité biologique ; Constitution de la Biologie ; Chimie organique ; Vitalisme ; Organisation biologique
Summary
Among the attempts to define living organisms, it is possible to distinguish two competing traditions: one has seen reproduction as what is the proper to living organisms, while the other has seen in nutrition and then metabolism (i.e., the material process through which an organism maintains itself by transforming a foreign matter into a living substance) an essential property and a criterion for the unification of all living forms. However, the second term of this polarity is in turn subdivided into a permanent movement of oppositions that seems to characterize life as an incessant "whirlwind", an uninterrupted circulation or constant flow of matter between the inside and the outside, the bodies and their environment. This work is devoted to exploring the conceptual changes within this second tradition, oriented toward nutrition and metabolism. How did metabolism become a problem for biology? This dissertation proposes a genealogical analysis of the concept of metabolism understood both as a bridge linking the vital specificity of organisms to their chemical conditions of existence, and as a scheme through which self-production and the maintenance of biological identity could be approached from a naturalistic perspective. It proposes a history of the developments of a material chemical theory of life and shows, in the same movement, how the elaboration of an "epistemic space" around the concept of metabolism has gradually made it possible to redefine the contours under which the question of biological identity has been addressed ever since.
Keywords : Nutrition; Metabolism; Biological Identity; Emergence of Biology; Organic chemistry; Vitalism; Biological organization