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Séminaire Philbio - 02 - Baptiste Morizot
Baptiste Morizot, Université Aix-Marseille, CEPERC - Les épistémologies des sciences du vivant sont-elles naturalistes au sens descolien?
Résumé
Il s'agira de faire dialoguer les concepts forgés par l'anthropologue P. Descola dans Par delà nature et culture pour qualifier les schèmes ontologiques (naturalisme, animisme, analogisme, totémisme) avec les manières d’enquêter propres aux sciences du vivants contemporaines (spécifiquement l'éthologie, l'écologie des communautés, et la biologie des communications végétales et bactériennes). Le naturalisme est entendu ici comme schème ontologique, et pas comme procédure de "naturalisation", c'est donc un tout autre espace de débat conceptuel que celui qui anime l'épistémologie analytique autour des questions de naturalisation (bien qu'il existe des recoupements). La thèse productive défendue par P. Descola est qu'il existe une solidarité entre le naturalisme et la stabilisation des formes d'enquêtes qu'on appelle "sciences de la nature". On essaiera de montrer que ce point est plus que crédible lorsqu'il s'agit de penser le discours général que les sciences mainstream tiennent sur elles-mêmes, leur spécificité et leur mythe fondateur, mais qu'il en va tout autrement lorsqu'on observe ce que font les chercheurs dans certaines branches des sciences du vivant, qui enquêtent sur des phénomènes vivants qui semblent exiger d'eux qu'ils mobilisent quelque chose comme des heuristiques qu'on appellera animistes et analogistes. Tout l'enjeu reviendra à déterminer pour quels motifs les sciences dites naturalistes sont en fait chimérisées de manières d'enquêter plus volontiers associables à d'autres schèmes ontologiques, et la productivité de cette approche en termes d'essor d’intelligibilité. Enfin, on se demandera si ce phénomène n'indique pas la possibilité pour la tradition naturaliste de se dépasser, mais depuis les sciences du vivant, en en faisant sauter les coutures de l'intérieur.