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Séminaire de Logiques Non Classiques
Séance des doctorants : Julien Boyer, Méven Cadet
Julien Boyer (IHPST)
La vérité est-elle une notion logique ?
La thèse d’après laquelle la vérité serait une notion « logique » ou « quasi-logique » est fréquemment attribuée aux déflationnistes en matière de vérité contemporains. Pour la préciser et l’évaluer, il semble nécessaire de fournir un critère de logicité permettant de tracer une frontière entre les notions logiques et les autres. À la suite des travaux de Gentzen, la tradition inférentialiste ou preuve-théorique, développée entre autres par Dummett et Prawitz, a proposé divers critères de logicité. La question de la logicité de la vérité peut donc être reformulée de la manière suivante : le prédicat de vérité peut-il être caractérisé par des règles satisfaisant le(s) critère(s) inférentialiste(s) de logicité ? Sur cette question, les avis sont partagés : Hodes (2004) suggère que non, Galinon (2010, 2014) défend que oui. Nous examinons cette question en mettant l’accent sur divers aspects fondamentaux des critères inférentialistes de logicité : le caractère purement structurel des règles, l’harmonie locale, l’harmonie globale. Nous concluons qu’en dépit des affirmations déflationnistes, la vérité n’est pas une notion logique.
Méven Cadet (IHPST)
Frege : sémantique et universalisme
En 1967, Jean van Heijenoort amorça une importante discussion concernant la place de la sémantique au sein des conceptions frégéennes. Il opposa la sémantique moderne – qui permit l’émergence d’importantes méta-questions – à l’universalisme de Frege – selon lequel "rien ne peut être dit, ou ne doit être dit, à l’extérieur du système". La tension qui survient entre universalisme et sémantique est encore largement débattue aujourd’hui, notamment dans le cadre des thèses frégéennes. Une frontière se dessina entre les auteurs qui reconnaissent dans ces dernières la possibilité d’une sémantique au sens post-tarskien, et ceux qui, suivant van Heijenoort, les tiennent pour irréductiblement incompatibles avec les développements contemporains.
Les arguments avancés dans l’une ou l’autre direction sont nombreux, si bien que le problème est examiné sous des angles très différents. Les thèses de Frege concernant l’acte de jugement, la généralité de la logique ou encore le statut des élucidations furent tour à tour appelées à comparaître. Notre objectif, durant cet exposé, consistera à structurer et présenter les divers aspects du problème afin de dégager les enjeux à la fois historiques et philosophiques du rapport complexe qu’entretiennent sémantique et universalisme chez Frege.