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Séminaire Probabilités, Décision, Incertitude : Laurent JODOIN
Présentation de Laurent JODOIN (IHPST/Université de Montréal).
Dans la seconde moitié du XIXème siècle, près de deux cents ans après la première théorisation des probabilités, les travaux de Maxwell et Boltzmann annonçaient la mécanique statistique. La probabilité y est considérée comme la probabilité qu’un système, présentant certaines caractéristiques macroscopiques observables, soit dans un certain état microscopique inobservable – on peut alors parler de probabilité d’être. Quelques décennies plus tard, les travaux de Planck puis de Schrödinger et de Heisenberg ouvraient la voie à la mécanique quantique. La probabilité est alors considérée comme une probabilité de mesure d’un état à partir d’une fonction d’onde censée représenter l’état du système et gouvernée par la dynamique de l’équation différentielle dépendante du temps de Schrödinger – on peut alors parler de probabilité de devenir. Dans le premier cas, le déterminisme n’est pas remis en cause de front, car la dynamique ‘sous-jacente’ et inobservable du vaste microsystème peut très bien (et est sans doute) gouvernée par les équations déterministes de la mécanique newtonienne. Dans le second cas, en revanche, l’indéterminisme peut prendre plusieurs formes, mais il est généralement associé à la probabilité d’un événement conditionnel à l’occurrence d’une certaine procédure (de mesure) dans un certain état ; voire même, l’état du système mesuré ne serait qu’un ensemble de fonctions de probabilité. Or, ces deux conceptions ne sont pas nécessairement incompatibles ou contradictoires. Je soutiens alors que les probabilités s’insèrent dans l’écart entre le possible et l’actuel – de manière synchronique dans le premier cas et de manière diachronique dans le second. Cet écart peut recevoir une interprétation plus épistémologique, comme incertitude, ou plus ontologique, comme indéterminisme. Je soulignerai ensuite les conséquences épistémologiques de cette hypothèse.